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6 mai 2015 3 06 /05 /mai /2015 08:00

On m'interroge souvent sur mon parcours. Pourquoi ? Comment ? Quand ? Je me suis replongée dans un entretien demandé par Jeff Roland (artiste singulier absolument passionné par la création sous toutes ses formes) en 2008. En le relisant attentivement, j'ai réalisé à quel point rien n'a changé sur mes motivations. Du coup je vous restitue ces quelques mots qui sont riches d'informations pour les curieux et les curieuses.

7 ans après cette interview, ce qui a vraiment changé est que j'ai la chance de me consacrer aujourd'hui uniquement à la création et que je suis sur le point de réaliser un second rêve, celui d'avoir un vrai atelier de travail pour pouvoir exprimer pleinement mon univers. Une étape énorme dans la vie d'un artiste. 

A la Rencontre de Chrystèle Saint-Amaux

Par jeff le jeudi 20 novembre 2008, 19:32 - Les Interviews

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J'ai fait la connaissance de Chrystèle Saint-Amaux en voguant sur les mers de l'imaginaire, c'est là qu'on peut la trouver. Dans ses univers, tout semble là pour vous accueillir, vous réconforter : les personnages naïfs qui s'amusent entre eux, les couleurs , si harmonieuses et apaisantes, c'est l'univers d'un rêve. Mais ne vous y trompez pas, lorsqu'on se penche sur les détails, on voit apparaître mille surprises, les fonds eux-mêmes sont autant d'univers parallèles. Il y a un coté Petit Prince dans son œuvre, sauf que le petit prince serait ici nourri de couleurs, pétri de références artistiques et de sens esthétique. Assurément, c'est bien de talent qu'on parle ici, celui de nous entraîner précisément là où elle veut qu'on se rende : vers l'insouciance des rêveries enfantines. Mais accueillons plutôt l'artiste ...

Quand et Comment avez-vous commencé à peindre, dessiner, sculpter etc?

J’ai toujours tenu un crayon, du plus loin que je me souvienne en tout cas. Cette activité ne m’a jamais quittée, comme un compagnon fidèle ! Mes premiers cours de dessin ont été pris vers l’âge de 8 ou 9 ans à Douala auCameroun où ma petite enfance s’est déroulée. Parallèlement à l’expression par le dessin, je suis aussi absolument fascinée par l’image. J’ai passé des heures à feuilleter les mêmes livres illustrés dont je garde énormément de flash en tête aujourd’hui encore. Petite fille, on m’a rapporté, que j’avais découpé dans une grosse encyclopédie un magnifique papillon. Je me suis souvenue qu’il était bleu récemment ! Une belle bêtise à l’époque ! Je me sert du dessin et des images pour exprimer mes sentiments et surmonter mon tempérament un peu angoissé. Je suis un peu touche à tout et le dessin a évolué en aquarelle, puis en collage, puis en acrylique et je prends aussi souvent des chemins détournés en créant des colliers ou d’autres oeuvres à base de couture... Une maman passionnée, en son temps, de patchwork, un papa bricoleur de génie et accumulateur, un papy un peu artiste au fond doivent être la cause de ce besoin incroyable d’exister en créant, en donnant vie à de nouvelles choses encore et encore !?

Qu'est-ce qui ou qui a motivé votre décision d'en faire votre principale activité ?

Tout d’abord, ça n’est pas vraiment mon activité principale aujourd’hui et je le déplore car mon but est de pouvoir en vivre. Concernant la décision d’en faire une partie intégrante de ma vie, là, c’est un peu long à expliquer ! Je n’exprime mon art et n’en suis fière vraiment que depuis peu de temps en fait (2006). Cette capacité à montrer mes travaux m’est venue et finalement devenue nécessaire grâce à la combinaison de deux facteurs qui ont permis à ma vie de changer totalement :

- d’une part la fin d’un travail d’introspection entreprit suite à de fortes crises d’angoisse incontrôlables et invivables... Je ne m’autorisais pas à être ce que je suis au fond, je n’acceptais pas d’être constamment en quête de créativité, je n’assumais pas mon addiction profonde pour la création.

- d’autre part les encouragements et le soutien de mes proches, famille ou amis, qui ont cru en moi et poussé à exprimer mon travail un peu singulier en dehors des murs de ma maison.

Petit à petit la confiance en soi naît et j’avoue qu’aujourd’hui mon univers me permet d’exister et de m’épanouir harmonieusement.

Le plus brièvement possible, comment décrivez vous ce vous faites ( ou essayez de faire) ?

J’essaie de transmettre ce que je ressens ou l’idéal auquel j’aspire en ne quittant jamais des yeux l’enfant que j’ai été. Je veux pouvoir offrir à tout ceux qui découvrent ma peinture l’INSOUCIANCE et la SPONTANEITE, ma quête, cette capacité extraordinaire à n’être pas toujours conscient de la réalité qui nous entoure : comme celle des enfants souvent. C’est d’ailleurs les dessins d’enfants avant 5ans qui m’inspirent le plus et dont j’essaie de retrouver les tracés maladroits. Bien que remplis de déséquilibres, de maladresses, d’incongruités et d’associations de couleurs improbables, lesdessins d’enfants sont toujours harmonieux.

Quelle est la place d'un artiste dans la société d'aujourd'hui à votre avis ?

Je crois que les artistes d’aujourd’hui comme ceux de toujours d’ailleurs sont des miroirs, des gardes-fous, des alertes, des témoins, des provocateurs... bref, les artistes sont le reflet d’une époque et à mon sens apportent à chaque fois du renouveau. Ils sont des empêcheurs de tourner en rond et évitent à autrui de devenir comme un poisson rouge dans son bocal !

Être un artiste est-ce bien sérieux ?

Justement, cette question a longtemps été mon gros problème ! Ce qui est sûr c’est qu’il faut être artiste ou tenter de l’être lorsque le besoin est là. Pour être plus terre-à-terre, j’ai tendance à dire que ‘Oui’, c’est très sérieux. Surtout lorsque l’on voit l’énergie qu’il faut avoir pour développer son travail... recherches d’expo, de galeries, accrochages et décrochages, vernissages, présence web... outre l’aspect créatif qui est pourtant le propre de l’artiste, il doit également être comme un véritable entrepreneur et se battre pour exister !

Quels autres artistes vivants aimez vous ? Pouvez vous commenter votre choix?

Paradoxalement les peintres que je retiens et qui me fascinent totalement sont viennois tous les deux et plus là malheureusement. Le premier est Gustav Klimt, incroyablement moderne pour son temps : ce qui me plait dans sa peinture est le mélange des portraits traités de façon très impressionniste à mon sens et les détails décoratifs de ses œuvres, toujours très graphiques avec des formes et des couleurs vraiment actuels. Ce qui m’impressionne chez lui, outre l’association magnifique des couleurs notamment des ors, ce sont les thèmes de sa peinture et sa capacité à représenter les liens entre naissance et mort, entre mère et enfant... Le second est Hundertwasser, un contemporain pour ainsi dire car il est mort en 2000. Lui-même influencé par Klimt me semble t-il, sa peinture ressemble à ce que je veux faire passer, elle est insouciante, les traits et les couleurs sont enfantins… Il y a un pont entre son travail et ce que je cherche à transmettre à travers le mien.

Une contemporaine qui me fascine vraiment et que j’ai découverte à travers les interviews de votre blog, Cristine Cambrea. Très impressionnante dans sa façon de travailler et de parler de son art. Très belle découverte pour moi avec ce côté un peu hallucinatoire. Merci Jeff.

Comment aimeriez vous que l'on regarde vos œuvres ? Quelle réaction vous a le plus marqué ?

J’aime voir les gens regarder mon travail, l’observer de prés, prendre leur temps pour tout distinguer ; mes œuvres sont souvent remplies de détails que l’on découvre au fur et à mesure que l’on observe le tableau notamment par l’apport des collages qui constituent souvent mes fonds. J’aime que l’on regarde un de mes tableaux et que cette découverte amène un sourire, une gaieté ou une nostalgie. Mon pari est réussi lorsque cela arrive car je sais alors que j’ai touché en offrant ce petit moment de bonheur insouciant et spontané.

Quant aux réactions, elles sont le plus souvent positives mais deux personnes m’ont vraiment surprise. La première fut une réaction très expressive, très volubile, me disant que le bonheur et la joie de vivre lui explosaient à la figure à travers l’oeuvre ! C’est fort quand même ?! On aurait dit un vraicoup de foudre entre elle et l’oeuvre, comme une attirance irrépressible. La seconde réaction que j’ai rencontrée fut celle des larmes, très touchante car très touchée par mon travail, cette personne fut émue à ce point. C’est un souvenir ineffaçable.

Dans quel environnement aimez vous travailler ?

J’aime, le plus souvent, être accompagnée par la télé, la radio, les enfants qui vivent leur vie à côté en jetant un oeil de temps en temps et en m’aidant de leurs avis. Mais la solitude peut m’aider à travailler sur des œuvres de grandes tailles, plus difficiles à produire pour moi car j’aime le détail et les petites choses. L’inspiration est une chose vraiment spéciale et mon besoin d’être seule ou accompagnée dépend vraiment d’elle.

Est-ce que le fait d'avoir une formation académique est nécessaire ?

Tout dépend de l’art que l’on exerce ! Mais je dirai plutôt ‘non’, étant parfaitement autodidacte moi-même. Le besoin de création est parfois si fort que la compétence ou l’apprentissage de techniques n’est plus vraiment la chose essentielle.

Pouvez vous commenter l'œuvre que vous avez choisi ?


C’est une de mes œuvres les plus récentes. Mon travail oscille entre des aquarelles simples sur papier de coton et des collages plus denses. Ici, il s’agit de techniques mixtes sur collage, le tout sur toile. Cette œuvre s’intitule “Le Pêcheur d'enfants” (80x80cm), caché en tout petit, en haut à droite dans les cieux. Personnage discret mais pourtant bien là. Bien que le titre soit effrayant (on me l’a fait remarquer), j’ai tenu à le conserver car il évoque le monde des contes de notre enfance comme Barbe Bleue ou Le Petit Chaperon Rouge... des histoires terrifiantes mais constructrices pour grandir... et puis, le monde dans lequel on vit, nous délivre, avec l’omniprésence médiatique, tout plein d’histoires horribles et cruelles autour des enfants (aujourd’hui encore). Une œuvre traitée comme un contre sens à mon message de fond habituel, l’insouciance.

Sur quoi travaillez vous en ce moment ? Avez vous des projets ?

Je poursuis mon chemin de la création en m’attaquant à de grands formats et en variant les plaisirs en bricolant tout plein de trucs différents. Ma maison est mon cocon et j’avoue que je suis un peu bricol’woman ! ...quant le temps me le permet !

Vous pouvez bien entendu venir voir mon travail sur mon site www.latelierdezebulon.com

Avez vous un message à faire passer aux lecteurs (nombreux on l'espère ) de ce blog ?

Oui, celui d’aller de l’avant, de toujours chercher dans tout, la petite étincellequi brille et réchauffe. Mon message est celui du positivisme coûte que coûte. Mon message est celui de s’autoriser à vivre nos envies même si elles sont loin des conventions. Mon message : existez en donnant le meilleur de vous-même.

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commentaires

V
Chère Belle,<br /> <br /> Quel bonheur de te (re)découvrir à travers cet article ... J'aime les questions, j'adore les réponses. Magnifique personnalité ! Ce qui m'a totalement bluffé aussi est le choix des peintres qui t'inspirent : Je connaissais Klimt pour "Le Baiser", qui m'a toujours ému; mais j'ignorais qui était Hundertwasser ... J'ai l'ai "google-isé" pour voir qui il était et devine: j'ai 3 reproductions de lui sur mes étagères, dans le salon, alors que j'ignorais complètement qui était leur auteur ! Autant te dire que je ne cherche pas : tu es mon Artiste Préférée !!! ¨Je t'embrasse, avec grande joie et amour ! Dora
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C
Je suis toujours heureuse de faire découvrir ! Et merci pour ton soutien si précieux Dora.
K
merci pour cette porte ouverte sur ta vie d'artiste. j'ai appris plein de choses !<br /> bises
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C
De rien Karine. A vrai dire, ça m'a fait du bien de relire cet entretien. De me replonger un peu dans les sources de mon travail.
S
Bel article. J'ai aussi commencé à la même époque que toi et mes rêves sont bien sûr d'en vivre et d'avoir moi aussi un vrai atelier. Mais moi 7 ans après je continue à travailler à côté et n'en vis pas. Cette interview me donne espoir quand je vois toutes ceux et celles qui ont réussi ma donne espoir même si je ne sais pas vraiment j'ai le droit de rêver. En tout cas, je te félicite d'avoir mener à bien ton rêve et j'espère pour te souhaite bonne continuation dans ton nouvel atelier qui t'apportera peut-être de nouvelles envies, aspirations, et inspirations.
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C
Merci San-tooshy pour ce joli mot. J'ai aussi la chance de partager ma vie avec MyLove qui est là pour me soutenir toujours. C'est un choix que l'on a fait. Ce choix n'est pas toujours facile à vivre car, pour ne rien cacher, il y a de bonnes années mais aussi de fort mauvaises. Il faut y croire, ne pas baisser les bras, avancer même quand on n'est pas très haut. J'espère pouvoir maintenir notre vie ainsi le plus longtemps possible. Belle semaine à toi.

Rézossossio

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